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Indopacifique
Un porte-conteneurs dans le port en eaux profondes de Yangshan (Chine), © CFOTO
Avec la croissance de l’Asie, les forces politiques et économiques glissent de plus en plus vers l’espace indopacifique. La région deviendra un élément essentiel dans le cadre de l’élaboration de l’ordre international au XXIe siècle.
Le rôle de la région indopacifique
L’évolution dynamique de la zone indopacifique au cours des dernières années se répercute également sur la politique allemande et européenne, à l’échelle du commerce, du climat et de la sécurité.
Les trois plus grandes économies du monde, à savoir la Chine, le Japon et les États-Unis, sont situés en bordure de l’Océan Pacifique. Près de 60 % du PIB mondial et deux tiers de la croissance mondiale sont générés dans la région indopacifique. Le détroit de Malacca voit passer à lui seul jusqu’à 25 % du commerce maritime international. Le bouleversement de ces voies maritimes aurait de graves conséquences sur les chaînes d’approvisionnement en provenance et en direction de l’Europe et se répercuterait par là-même sur la prospérité et le ravitaillement de notre population.
Environ 60 % de la population mondiale vit dans la région indopacifique, 20 mégapoles mondiales sur 33 s’y trouvent et plus de la moitié des émissions mondiales de CO2 proviennent de cette zone. Les États de la région sont donc des acteurs décisifs lorsqu’il s’agit de relever des défis planétaires tels que la crise climatique.
Cette évolution vient également modifier les rapports de force dans la région : la montée en puissance politique et économique de la Chine vient défier les puissances établies. Les États-Unis déplacent de plus en plus leur priorité stratégique de la zone Atlantique vers la zone Pacifique. C’est dans cette région que les dépenses en matière d’armement à l’échelle internationale ont augmenté le plus rapidement au cours des dix dernières années, atteignant aujourd’hui près de 30 % des dépenses mondiales. La région manque dans le même temps de structures efficaces en termes de sécurité coopérative et de mécanismes d’endiguement des conflits.
La région est potentiellement fragile en raison de rivalités de pouvoir géopolitiques, de tracés de frontières controversés ainsi que de conflits internes et transfrontaliers latents. Les flux de réfugiés ainsi que les réseaux terroristes régionaux et internationaux renforcent cette instabilité.
Les intérêts de l’Allemagne dans la zone indopacifique
En tant que nation commerciale agissant sur la scène internationale, l’Allemagne a grand intérêt à maintenir et promouvoir la stabilité, la prospérité et la liberté dans les États de la région indopacifique. Plus de 20 % des échanges commerciaux de l’Allemagne s’effectuent dans cette zone, tandis que les États membres de l’UE figurent parmi les principaux investisseurs dans la région.
L’accent y est particulièrement mis par l’Allemagne sur le renforcement de l’ordre international fondé sur des règles : l’Indopacifique doit rester une zone de coopération inclusive. L’Allemagne s’engage donc en faveur de voies maritimes libres, de marchés ouverts, du libre-échange, d’une concurrence équitable, de la transition numérique, de la connectivité et des droits humains.
L’évolution de la région est par ailleurs décisive pour atteindre les objectifs climatiques de Paris et endiguer le dérèglement climatique. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne cherche à collaborer avec les États de l’Indopacifique pour la protection de notre planète et à les soutenir en parallèle dans leurs efforts pour atténuer les répercussions potentiellement dramatiques du dérèglement climatique qui menacent leur existence, telles que la montée des eaux.
La politique de l’Allemagne dans l’Indopacifique
L’Allemagne a décidé de s’engager durablement dans cette zone sur le plan politique, afin de poursuivre ses intérêts dans la région de manière ciblée. Les Lignes directrices du gouvernement fédéral pour l'Indopacifique (en allemand) de septembre 2020 offrent ainsi une orientation stratégique. Le rapport de suivi de septembre 2021 (en allemand) montre que des progrès tangibles ont pu être réalisés au bout d’un an déjà. Au vu des défis qui se posent en Europe, le gouvernement fédéral a réaffirmé dans son deuxième rapport de suivi de septembre 2022 (en allemand) sa volonté de poursuivre sa politique dans l’Indopacifique ainsi que de continuer d’intensifier les relations. Dans son troisième rapport de suivi de septembre 2023 (en allemand), le gouvernement fédéral présente la manière dont les relations avec la région ont été renforcées dans un large éventail de domaines.
La politique indopacifique de l’Allemagne est axée sur les principes du renforcement de l’action européenne, du multilatéralisme, d’un ordre international fondé sur des règles, des droits humains ainsi que sur les objectifs de développement des Nations Unies. Les lignes directrices proposent à tous les États de la région de développer et de renforcer leur coopération avec l’Allemagne. C’est dans cet esprit que l’Allemagne perçoit son rôle dans la zone indopacifique, tout en s’engageant pour n’exclure aucun État. Le principe d’inclusion n’est toutefois pas synonyme d’équidistance vis-à-vis des grandes puissances qui s’affrontent dans le contexte de rivalités systémiques : l’Allemagne reste attachée à ses principes et est déterminée à les renforcer aux côtés de partenaires partageant les mêmes idées.
Une stratégie européenne pour la coopération dans la région indopacifique
L’unité de l’action européenne est le principal leitmotiv de la politique indopacifique de l’Allemagne. La meilleure façon de protéger et de mettre en œuvre les valeurs et intérêts européens communs consiste à user du poids d’une Europe unie. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne s’engage aux côtés de la France et des Pays-Bas en faveur d’une stratégie européenne uniforme dans la région. La stratégie de l’UE pour la coopération dans la région indopacifique a été publiée le 16 septembre 2021.
L’approche de la stratégie de l’UE correspond en grande partie aux lignes directrices du gouvernement fédéral. Les principes directeurs sont les suivants : une coopération multilatérale efficace fondée sur des valeurs ; des conditions identiques pour une concurrence équitable ; les objectifs de développement durable, la protection du climat, la biodiversité ; une coopération multilatérale et régionale ; la promotion des droits humains et de la démocratie.
La stratégie de l’UE énumère sept domaines d’action prioritaires, principalement axés sur les compétences de l’Union européenne : la prospérité durable et inclusive ; la transition écologique ; la gouvernance des océans ; la gouvernance et les partenariats numériques ; la connectivité, par le biais de la stratégie « Global Gateway » de l’UE ; la sécurité et la défense ; la sécurité humaine.
Pour mettre en œuvre les différentes initiatives dans les domaines d’action concernés, l’UE mise aussi sur la coopération avec ses États membres. Les forces de l’UE et de ses États membres doivent être unies au sein d’une « équipe Europe » afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles.